À l’approche des prochains scrutins, le ministère de l’Intérieur engage un chantier sensible : revoir les règles d’inscription sur les listes électorales. Présenté par Abdelouafi Laftit, le projet de loi 55.25 vient actualiser la loi 57.11 et renforcer les garanties de transparence. L’objectif est clair : des listes fiables, des électeurs mieux identifiés et un processus moins exposé aux abus.
Déposé devant la Commission de l’Intérieur à la Chambre des représentants, le texte propose une série de mesures pratiques pour organiser l’inscription, le transfert et la mise à jour des listes. Une révision technique en apparence, mais qui touche directement les droits et obligations de millions de citoyens.
Inscription, transfert, âge légal : ce qui change pour les électeurs
Le projet de loi introduit une règle clé : toute personne changeant de commune devra obligatoirement demander le transfert de son inscription vers son nouveau lieu de résidence. Une manière de mettre fin aux doubles inscriptions et aux pratiques douteuses qui faussent le corps électoral.
Le texte confirme également l’âge légal d’inscription à 18 ans révolus à la date de clôture des listes. Une précision destinée à faciliter l’intégration rapide des jeunes dans le processus électoral. Ces dispositions visent à resserrer les mailles du système et à aligner les listes sur la réalité démographique du pays.
L’inscription en ligne généralisée, y compris pour les MRE
Autre évolution majeure : l’inscription sur les listes électorales pourra désormais se faire entièrement en ligne. Une option déjà testée, mais cette fois intégrée dans la loi. Les Marocains résidant à l’étranger pourront en bénéficier au même titre que les citoyens établis dans le Royaume.
La procédure classique, via les bureaux administratifs, reste maintenue pour garantir l’accessibilité dans toutes les zones du pays, notamment en milieu rural. Le ministère parie ainsi sur une transition numérique progressive, sans exclure les électeurs qui ne maîtrisent pas les outils digitaux. Objectif : fluidifier les démarches, réduire les erreurs et sécuriser les vérifications.
Sondages interdits : le projet durcit les sanctions
Abdelouafi Laftit insiste sur un autre volet : l’encadrement strict des sondages d’opinion pendant les périodes d’interdiction. Le projet de loi érige en infraction pénale toute réalisation ou publication de sondage électoral illicite, quel que soit le canal utilisé : médias, réseaux sociaux, plateformes en ligne ou outils d’intelligence artificielle.
Les sanctions sont revues à la hausse pour les particuliers comme pour les personnes morales. Le texte vise à préserver les électeurs des tentatives d’influence numériques et des manipulations, dans un contexte où l’écosystème de l’information évolue à grande vitesse.
Un projet au cœur d’une réforme électorale globale
Le projet de loi 55.25 s’inscrit dans un ensemble plus large de réformes visant à moraliser la vie politique. Les textes relatifs à la Chambre des représentants et aux partis politiques, présentés le même jour, poursuivent la même logique : transparence, rigueur et assainissement du jeu électoral.
Pour Laftit, la modernisation de l’encadrement électoral doit accompagner une maturité démocratique accrue. Les électeurs doivent pouvoir voter en confiance, en se sentant pleinement acteurs de la vie publique.
L’abstention, le désintérêt des jeunes et la défiance envers les institutions pèsent sur le processus électoral marocain. En simplifiant les démarches et en renforçant le contrôle, le gouvernement espère retisser le lien avec les citoyens.


